Focus sur Drago Malefoy, ou la peur comme moteur de l'ambition destructrice
La Pensine vous propose de se concentrer sur un personnage bien connu de la saga pour être le meilleur ennemi de Harry Potter. Bien connu ? ce n'est pas si sûr. Ennemi ? encore moins. Focus donc sur Drago Malefoy, après un de nos articles sur la saga Harry Potter depuis la perspective de Drago selon Rowling.
Drago Malefoy est un garçon blond, le regard métallique et le nez en pointe, qui affiche fièrement son statut social d'après lui supérieur à cause de sa richesse, des relations de son père au ministère, et de son sang-pur. Habituellement narquois, il n'hésite jamais à prendre de haut plus faible que lui. C'est aussi un lamentable trouillard.
C'est précisément cet aspect-la de sa personne qui nous intéresse. Son rapport à la peur est très particulier, et même fondateur de sa personnalité. Déjà promis à une vie confortable dans laquelle il ne manque jamais de rien, Drago arrive à Poudlard entouré de deux gorilles (qui se reconnaîtront) assez costauds pour être stupides. Sa première confrontation avec Harry est symptomatique : le blond présente au brun chacune de ses opinions, de ses possessions, et fait tout pour impressionner le garçon-qui-a-survécu sans savoir qui il est vraiment. Comme s'il s'agissait d'un réflexe naturel que de dresser son CV oralement à chacune des personnes qu'il rencontre.
Par la suite, Malefoy est envoyé à Serpentard avant qu'il puisse mettre le choixpeau tout à fait sur sa tête. On peut penser sans danger que les valeurs de Drago sont celles de Serpentard : ambition, malice, individualisme. Et il ne s'agirait pas d'une erreur ! Drago agit en solitaire, aime la célébrité, la gloire, et les traitements de faveurs. Cependant, Dumbledore a perçu en lui autre chose que le garçon moqueur, méchant, meurtrier qu'on a bien voulu voir pendant six tomes. "Drago, tu n'es pas un meurtrier." ; "Tuer n'est pas aussi simple que le croient les innocents". En dépit de tout ce qu'a pu faire Drago - comme des tentatives de meurtres - Dumbledore le considère innocent. Ce qui a de quoi interroger.
Malefoy sert à Rowling, on l'avance, pour montrer les ravages de la peur. La peur d'être parmi les faibles, la peur de l'échec, mais surtout la peur de mourir. Il s'oppose à Harry, maître des reliques et qui a vaincu la mort en n'ayant plus peur d'elle. Rowling tente tout au long des romans d'éduquer un lectorat souvent jeune à accepter la mort, et les reliques ne font que le démontrer. "Pour un esprit équilibré, la mort n'est qu'un voyage de plus" dira Dumbledore.
Si on veut expliquer les choix de Drago sous l'angle de la peur, on change radicalement notre vision du personnage. Drago a choisi le camp du plus fort. C'est aussi simple que cela. Sensible à la pression sociale et à l'éducation familiale, il a préféré se ranger du côté de ceux qui paraissent dominateurs (Serpentard, les sang-pur, les Mangemorts), mais semble n'avoir jamais eu l'intention d'en arriver à commettre des atrocités (à l'inverse de ses deux camarades stupides et méchants, Drago n'a jamais utilisé le sortilège de la mort). Voldemort l'a compris lui-même en menaçant de le tuer s'il ne parvenait pas à tuer Dumbledore. Il a compris que le moteur de son ambition, c'est sa peur de mourir. C'est d'ailleurs très caractéristique des Malefoy en général. Lucius fait tout pour sauver sa position et garantir à Drago la survie et le confort, par exemple en se disant rongé par le remord après le forfait de Voldemort le jour de sa - première - mort ; Narcissa est prête à mentir à Voldemort sur la mort de Harry en échange de l'information selon laquelle son fils serait vivant. Drago ment à Bellatrix en prétendant ne pas reconnaître Harry au manoir des Malefoy. A la fin de la bataille de Poudlard, tout trois s'enfuient, loin des meurtres, loin des intrigues.
Le jeune Malefoy sert à Rowling à montrer aux lecteurs ce que peut inspirer une peur aveugle de la mort. Au contraire des Gryffondor et des Poufsouffle qui choisissent de se battre, ou par bravoure ou par désir de justice, les Serpentard se battent pour leur peau. Drago se bat pour survivre. Froussard quand il affronte la forêt interdite avec Harry et Neville, il choisit d'être accompagné de Crockdur, le molosse de Hagrid, en pensant s'entourer d'un chien de garde avant de comprendre que l'animal avait plus peur que lui-même. Comme s'il avait eu à choisir Crabbe et Goyle pour mener une bataille. C'est l'antithèse d'Harry Potter. Il y a d'un côté l'esclave et le maître de la mort, ce qui y est soumis, et celui qui la traite en amie, comme un certain Ignotus Peverell.
On peut penser à des paroles d'un autre sage, d'une autre saga très populaire :
"La peur est le chemin vers le côté obscur : la peur mène à la colère, la colère mène à la haine, la haine… mène à la souffrance."
Yoda à Anakin Skywalker, dans Star Wars II : La revanche des Siths.
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